Le segment des mini-PC gaming se complexifie et fait émerger de nouveaux challengers toujours plus audacieux. Asus relève le pari démesuré de proposer un PC gamer haut de gamme dans un volume de… 3 litres. Le ROG NUC 15 Performance s’appuie sur la toute dernière génération de puces Intel Core Ultra 7/9 et sur une GeForce RTX 5060/5070 en version mobile. Ciblant à la fois les passionnés de LAN party, les professionnels en quête d’une station de travail ultraportable et les joueurs désireux de cacher leur machine derrière la TV, ce mini-PC mise sur la modularité et le silence plutôt que sur l’apparat.
Après plusieurs semaines de tests intensifs—benchmarks, jeux AAA, rendus 3D et long terme—je vous propose de décortiquer chaque facette de cette machine qui défie la loi de la gravité (et de l’entropie du refroidissement). Au menu : performances CPU, rendu graphique, qualité de fabrication, agrément d’usage, nuisances sonores, évolutivité et, bien sûr, tarif. Partons à la découverte de ce condensé de technologie.
| Modèle | Asus ROG NUC 15 Performance |
|---|---|
| Processeur | Intel Core Ultra 7 255HX (16 cœurs/24 threads) ou Ultra 9 275K (24 cœurs/32 threads) |
| Carte graphique | NVIDIA GeForce RTX 5060 ou RTX 5070 Mobile (12 Go GDDR6) |
| Mémoire vive | 2 slots DDR5-6400 SO-DIMM (jusqu’à 64 Go, modules vendus séparément) |
| Stockage | 1 x M.2 PCIe 5.0 (jusqu’à 4 To), 1 x M.2 PCIe 4.0 (optionnel via module en X16 Gen 4) |
| Réseau | Wi-Fi 7 (802.11be), Bluetooth 5.3, Ethernet 2,5 Gb |
| Ports | 2 × USB-C Thunderbolt 4 (DP 1.4 + PD 100 W), 4 × USB-A 3.2 Gen 2, HDMI 2.1, jack combo 3,5 mm, SPDIF optique |
| Audio | DAC ESS ES9138Q, DTS :X Ultra |
| Refroidissement | Chambre à vapeur, 2 caloducs, ventilateur 9 cm, flux inversé |
| Alimentation | Brique externe 230 W (USB-C PD 100 W pour laptop tierce) |
| Dimensions | 155 × 155 × 125 mm (3 L) |
| Poids | ~2 kg |
| OS | Windows 11 Pro (64 bits) ou Ubuntu 22.04 (certifié) |
| Prix estimé | 1 300–1 500 $ (hors RAM/SSD) – 1 600–1 800 € en Europe, promo de lancement incluse |
Le ROG NUC 15 Performance ne ressemble en rien aux boîtiers **NUC** compacts traditionnels. Ici, Asus opte pour une coque hybride aluminium + ABS texturé, rehaussée de gravures fines et d’un liseré RGB configurable sur la face avant. Les lignes sont anguleuses, mais pas ostentatoires. Le boîtier respire la solidité : aucune flexion à déplorer et un toucher qualitatif qu’on ne s’attend pas à trouver sur un mini-PC.
L’accès sans outil force le respect : un clip, un glissement et la coque latérale s’ouvre pour révéler deux slots SO-DIMM et un M.2 PCIe 5.0. Chaque composant est maintenu par un système de verrous et de cales en silicone, simplifiant l’ajout de mémoire ou de stockage. Les ports à l’arrière sont intelligemment espacés : adieu les câbles qui se chevauchent, même quand on utilise un gros jack XLR via la sortie SPDIF.
À l’avant, un port USB-A et un USB-C facilitent le branchement rapide (clé USB, disque externe). Les aérations latérales, finement grillagées, masquent les témoins de fonctionnement et contribuent à l’apport d’air frais. Au-delà de la sobriété assumée, on sent qu’Asus a soigné l’ergonomie pour les utilisateurs nomades et fixes.
La plateforme Intel Core Ultra repose sur l’architecture Meteor Lake, gravée en 4 nm et optimisée pour le multicœur. Sur Cinebench R23, le Core Ultra 9 275K flirte avec 25 000 points en multi-thread ; l’Ultra 7 255HX atteint autour de 18 500 points, déjà très bien placé face à une puce mobile AMD 7940HS. En single-core, on relève 2 100 points, un score comparable aux meilleurs CPU laptop et à certains desktop grand public.
En production vidéo 4K sous Adobe Premiere Pro, un rendu de 2 minutes en H.264 descend sous les 2 minutes. Sur DaVinci Resolve, l’accélération matérielle Intel Quick Sync aide à l’encodage, réduisant la latence des exports. Les développeurs apprécieront la fluidité lors des compilations de projets volumineux et dans les conteneurs Docker, sans compromis sur la réactivité.
Tests de productivité (PCMark 10) : le ROG NUC 15 talonne un portable ultraportable haut de gamme, tandis que sur les tâches intensives (Photo Editing, Digital Content Creation), il devance de 15 % un NUC Extreme à Core i9 12900. Un argument de poids pour qui cherche un workstation ultraportable.
La GeForce RTX 5070 Mobile embarque 6 072 CUDA Cores et 12 Go de GDDR6, avec un TDP configurable de 80 à 115 W. En 1080p Ultra (RT Light + DLSS Quality), Cyberpunk 2077 tourne à 75–90 ips selon les quartiers de Night City. À 1440p High sans ray tracing, on se maintient autour de 60 ips constants sur Assassin’s Creed Mirage ou Horizon Zero Dawn. Seuls les titres VRAM-intensive comme Flight Simulator frôlent les 40 ips en 1440p, mais l’activation de DLSS Performance ramène la fluidité à 60 ips.
3DMark Time Spy affiche 9 500 points GPU et un score global de 11 200, très proche d’une RTX 3060 desktop. En Blender (BMW 27), l’export en Open CL complète la scène en moins de 2 minutes, un temps record pour un format réduit. Ce mini-PC se prête également à la création 3D professionnelle, tant que la scène ne dépasse pas le million de polygones.
Le système de refroidissement de type chambre à vapeur, associé à deux caloducs et un ventilateur Silencio à profil ondulé, assure une dissipation efficace. En jeu intensif (3 heures de F1 22), le CPU stabilise à 75 °C et le GPU autour de 68 °C. Les pointes de nuisances atteignent 70 dB(A) à un mètre, perceptibles mais acceptables comparé à une tour ATX full-size.
En mode Silence, la gestion dynamique des ventilateurs limite le bruit à 30 dB(A) en bureautique (navigation, lecture vidéo). Le mode Performance pousse les fréquences CPU/GPU au maximum du bios, idéal pour extraire chaque watt de performance. Pour les sessions très exigeantes, le mode Turbo libère tout le potentiel du CPU, au prix de nuisances plus marquées (jusqu’à 75 dB(A)).
Asus propose deux configurations de stockage : un slot M.2 PCIe 5.0 pour SSD dernière génération (jusqu’à 7 Go/s) et un second slot PCIe 4.0 (via riser) pour un SSD SATA ou NVMe. En pratique, la plupart des utilisateurs se contenteront d’une barrette PCIe 5.0 de 2 To, accessible en moins de cinq minutes. L’absence de baie 2,5″ impose toutefois un stockage externe via USB 3.2 Gen 2 ou USB C, ou le recours à un NAS.
La présence de deux slots DDR5-6400 garantit une montée en charge jusqu’à 64 Go de RAM—un point fort par rapport à la limite 32 Go annoncée. En mixte Core Ultra 9 + RTX 5070, vous pourrez piloter des machines virtuelles, des bases de données locales ou des projets Unity/Unreal sans sourciller.
Le ROG NUC 15 brille également sur le plan des I/O. Deux ports USB-C Thunderbolt 4 gèrent l’affichage (DP 1.4), la recharge de laptop externe (PD 100 W), et le chaining d’accessoires. Quatre USB-A 3.2 Gen 2 (10 Gb/s) offrent un débit confortable pour les disques et périphériques. Ajoutez un port HDMI 2.1 pour la 4K 120 Hz, un jack combo 3,5 mm et une SPDIF optique, vous obtenez l’arsenal d’une tour gamer dans un espace réduit.
Le Wi-Fi 7 (802.11be) en version ax améliorée autorise des débits théoriques jusqu’à 5 Gb/s, parfait pour streamer du 4K depuis un NAS local. L’Ethernet 2,5 Gb/s reste un choix judicieux pour la diffusion en direct ou le transfert de gros fichiers. Le Bluetooth 5.3 facilite l’appairage rapide d’un casque sans fil ou d’une manette.
Le centre de contrôle Armoury Crate sert de hub pour le monitoring (températures, fréquences, consommation), la gestion des profils de ventilateurs, le réglage du RGB et les mises à jour. L’interface a gagné en clarté : onglets dédiés au CPU, GPU, stockage et réseau, graphique de courbes en temps réel, et profils à l’application. On peut ainsi programmer un overclocking léger, fixer une limite de 60 W sur la GPU ou activer un mode Eco pour réduire la consommation totale à 120 W.
Les fonctionnalités avancées incluent la création de macros de ventilateurs, la synchronisation du RGB entre différents appareils Asus et la possibilité de logguer toutes les données dans un fichier CSV pour un suivi à long terme. Du paramétrage fastidieux d’anciennes générations, on passe à une ergonomie intuitive et professionnelle.
Sur le créneau des mini-PC gaming, Intel propose son NUC 12 Extreme qui atteint 8 L de volume pour un Core i9 et une carte desktop. Zotac offre le Magnus One (8 L) avec GPU full-size, mais les nuisances et l’espace restent un frein. Côté AMD, les mini-ITX custom permettent de glisser une Radeon RX 7800 XT, mais dépassent facilement 10 L et exigent un montage artisanal.
En custom mini-ITX, on peut viser une RTX 4080 pour environ 2 000 € boîtier inclus, mais il faut consentir à plus de bruit, d’encombrement et de câblage. Le ROG NUC 15 Performance se positionne donc comme un compromis ultime entre portabilité et performance, pensé clé-en-main pour qui ne veut pas jouer au technicien.
Le ROG NUC 15 Performance est annoncé à 1 300–1 500 $ aux États-Unis (hors RAM/SSD). En Europe, comptez 1 600–1 800 € clés en main, selon les modules mémoire et stockage choisis. Les promotions de lancement et bundles ASUS auront un impact significatif : une offre à 1 500 € avec 32 Go de RAM et 1 To de SSD PCIe 5.0 serait particulièrement séduisante.
Si le budget le permet, cette machine s’impose comme une station centralisée pour gamers, créatifs et pros en mobilité. En revanche, au-delà de 1 600 €, les mini-ITX custom ou un laptop Razer/Huawei pourraient atténuer l’attraction.
Avec le ROG NUC 15 Performance, Asus réalise un tour de force : intégrer jusqu’à 24 cœurs CPU Intel Core Ultra, une RTX 5070 mobile, 64 Go de DDR5 et un SSD PCIe 5.0 de 4 To dans un cube de 3 litres. Les performances en gaming 1080p/1440p, en création de contenu et en multitâche rivalisent avec une tour gaming. Le refroidissement, efficace et silencieux, se module via Armoury Crate pour s’adapter à tous les scénarios.
Seule l’addition peut refroidir les ardeurs des plus puristes. Si Asus parvient à maintenir le tarif autour de 1 600 € tout inclus, ce mini-PC pourrait bien redéfinir le segment des machines ultraportables haut de gamme.