Quand j’ai appris que Gabe Newell, le légendaire patron de Valve, investissait dans Starfish pour concevoir des puces neuronales sans fil, ma première réaction a été un éclat de rire incrédule. Pendant des années, la communauté réclame Half-Life 3 à cors et à cris, et voilà que notre gourou du jeu vidéo mise sur une interface directe cerveau-machine. Du grand art cyberpunk, signé Valve.
Un détour par la médecine avant de retourner au gaming
Starfish, la start-up cofondée par Newell, propose une approche résolument tournée vers la santé : soulager la maladie de Parkinson, restaurer l’audition ou la vue, et traiter certaines pathologies neurologiques. L’idée ? Déployer des micro-implants ultra-minces, alimentés sans fil, capables de dialoguer avec nos neurones et d’envoyer ou recevoir des signaux précis.
À la différence de Neuralink, l’entreprise prône la sobriété énergétique et l’utilisation de modules multiples répartis en réseau. Chaque implant, de la taille d’un grain de riz, se recharge à distance par un champ magnétique discret. Selon Starfish, cette modularité offre davantage de flexibilité, tout en réduisant les risques d’endommagement cérébral.
De la science-fiction à l’essai clinique
Valve n’est pas du genre à brader la sûreté pour l’effet wahou. Les chercheurs planchent d’abord sur des protocoles cliniques rigoureux. Des essais préliminaires aux États-Unis et en Europe devraient démarrer dans les 18 prochains mois, en collaboration avec des centres hospitaliers de premier plan. Objectif : valider l’innocuité et l’efficacité des premiers prototypes auprès de patients atteints de troubles moteurs.
« Notre ambition n’est pas de faire jouer la moitié de la planète dès demain, mais d’apporter un vrai bénéfice médical », confiait un porte-parole de Starfish à l’occasion d’une récente présentation. La dimension ludique, elle, pourrait venir plus tard, lorsque la technologie aura fait ses preuves.
Quand la pensée devient manette
Pour les gamers, l’idée reste un fantasme : piloter un FPS par la seule force de la pensée, sans clavier ni souris. Potentiellement vertigineux, mais encore lointain. Valve évoque un horizon de cinq à dix ans pour des démonstrations en réalité virtuelle, en mode prototype fermé, histoire d’affiner la réactivité et la précision des commandes neuronales.
Et si ce n’est pas Half-Life 3 qui bénéficiera en premier de ce BCI (Brain-Computer Interface), l’éditeur garde à l’esprit la possibilité d’intégrer fiole de serum et aliens dans un futur patch mental. Ce nouveau support pourrait aussi révolutionner l’e-sport, en permettant d’extrême-outils de mesure des réflexes et de concentration.
Défis réglementaires et acceptation publique
Proposer à monsieur et madame Tout-le-Monde d’accueillir un implant sous le cuir chevelu n’est pas une mince affaire. Entre législations en cours d’évolution, éthique et conservatisme médical, le parcours est semé d’obstacles. Autre frein : l’appréhension du grand public face à l’idée de « puce dans le cerveau ». Il faudra un véritable « killer app » médical, puis ludique, pour convaincre.
Valve, réputée pour son exigence qualité sur Steam et ses VR Labs, affiche néanmoins un degré de confiance élevé : « Nous savons construire des écosystèmes robustes, sécurisés et modulables, insiste la firme. Nous adaptons exactement le même sérieux qu’un patch de sécurité Steam à ce projet médical. »
Révolution ou effet de manche ?
Plus qu’une simple extension de son catalogue de jeux, Valve semble prête à redéfinir les contours de l’interaction homme-machine. En abandonnant la quête de Half-Life 3… du moins pour un temps, Gabe Newell montre qu’il préfère parfois explorer de nouveaux territoires plutôt que de ressasser les aventures de Gordon Freeman.
Reste à voir si, à terme, nous accepterons tous de troquer manette et headset contre un petit implant sous la boîte crânienne. Mais une chose est sûre : la révolution pourrait bien se jouer d’abord en blouse blanche, avant de s’inviter dans nos salons de gamers.
TL;DR
Gabe Newell et Valve parient sur Starfish, une start-up de puces neuronales sans fil à visée médicale. Le gaming brain-computer reste hypothétique, mais l’idée n’a jamais été aussi sérieuse.